L’abbé Jacques Theisen

Né d’un père bourrelier et d’une mère au foyer, le 23 octobre 1930, Jacques Theisen vit son enfance en plein coeur de Namur, rue de Bruxelles, où ses parents tiennent un commerce de cuir.
Il fréquente l’école Saint Aubin qui se trouve en face du magasin. Son papa devient commandant du Corps des Pompiers de Namur.

Sa maman élève les 5 enfants (une fille et quatre fils). Elle fait preuve d’une immense dévotion à la Vierge Marie en se rendant quotidiennement à la Chapelle de Notre Dame du Rempart qui se trouve à quelques centaines de mètres.

Jacques entre au Séminaire de Namur et il est ordonné prêtre, peu après son frère Joseph, en juillet 1955. L’Evêché le désigne comme vicaire à la paroisse de la Sarthe à Auvelais où il laisse un excellent souvenir à toute une génération d’après-guerre. C’est parmi sa conviction qu’il peut et doit transmettre le message de l’Evangile, dans les gestes quotidiens mais aussi à travers le message de moments intenses de célébration, de convivialité, d’entraide mutuelle.

En septembre 1966, il est intégré comme desservant à la Paroisse Saint-Maurice à Sclayn. Très vite il séduit les habitants du village, allant à la rencontre de tous, pratiquants ou non, jeunes et moins jeunes. Dès la première messe un dimanche à 7H30 des fidèles sortent de l’église avec le sentiment que ce nouveau et jeune prêtre va marquer son passage. « Ce sera un bon ! »           La paroisse était en effet privée depuis plusieurs mois de son curé devenu trop âgé et souffrant. Jacques n’a pas son pareil pour relancer une dynamique dans la communauté sclaynoise. Pourtant, il sait déjà qu’à sa demande expresse, son départ vers le Brésil en qualité de prêtre « fidei donum » ne tardera plus.

Malgré cela, il prend toute une série d’initiatives qui vont rassembler la majorité des sclaynois. Il n’a pas son pareil pour rentrer en contact avec les différentes cultures et générations. Sclayn est en effet un pays de carrières et compte de nombreux immigrés d’après-guerre venus extraire la pierre.
Deux quartiers, un à chaque bout du village, sont peuplés d’italiens, espagnols, portugais, allemands, yougoslaves…. La cité Tonglet à Marche en Pré et la Villette côté Andenne. Un brassage interculturel qu’il mobilise autour de la vie de la paroisse.

Il serait trop long d’énumérer la longue liste de ses réalisations:

  • Formation d’une équipe liturgique qui collabore à la préparation des célébrations.
  • Catéchèse chaque matin après la messe en préparation de la profession de foi: retraite des communiants durant les 3 journées en partenariat avec deux paroisses avoisinantes.
  • Relance d’un Patro pour garçons alors que le Patro des filles vivait depuis une quinzaine d’année; projections de films adaptés pour chaque tranche d’âge, journées de rencontre avec les Patros de la paroisse de la Sarthe.
  • Création d’un club des 13/15 ans qui permettent aux adolescents de se retrouver pour diverses activités au village et en extérieur.
    Intégration des jeunes communiants à la Ligue Saint Vincent de Paul.
  • Soutien au mouvement « Vie Féminine »
  • Mise en place d’une fancy-fair du Printemps dans les locaux paroissiaux et scolaires des Soeurs avec animations diverses pour tous les âges durant 3 jours: théâtre, musique, attractions foraines, disques demandés », sports,… Chacun pouvait se restaurer à l’italienne, à l’espagnole, à la française, chaque nationalité ayant coeur de faire découvrir ses spécialités gastronomiques.
  • Rafraichissement de l’église, en piteux état il faut bien le dire, en recrutant des paroissiens à qui il confie, des échelles, de la peinture, des pinceaux, et profite de quelques heures en soirée ou le samedi pour embellir ce lieu de culte où les fidèles se font de plus en plus nombreux.
    En plus de tout cela, il ouvre son presbytère pour y accueillir la jeunesse: tourne-disque, football de table, boissons rafraichissantes . Une manière d’inciter les jeunes à se rencontrer , à faire la connaissance , à gérer un local mis à leur disposition et quand cela dérape, fermeture durant quelques jours pour remettre les pendules à l’heure .

Le temps passe, la paroisse se passionne autour de toutes ses initiatives mais en août 1967 est organisée une messe d’au revoir en présence d’une foule nombreuse et de plusieurs de ses confrères ordonnés la même année.

Pour saluer son départ et le remercier de toute son oeuvre en si peu de temps, les paroissiens organisent une cérémonie en présence des autorités religieuses et communales ainsi que son père, sa soeur et son frère Louis. Un moment plein d’émotion que nous n’oublierons jamais. ( Photos en cliquant sur ce lien)
Début septembre, Jacques quitte Sclayn pour le Collège d’Amérique Latine à Leuven où il prépare son départ vers Natal en mars 1968.

A chacun de ses retours en Belgique, tous les 3 ans, les paroissiens se mobilisent pour organiser un rallye pédestre, une célébration, des animations dont les bénéfices financiers seront versés aux oeuvres de celui qui est devenu le Padre Tiago.

En 1979, un groupe de 20 personnes s’envole vers le Brésil pour retrouver Tiago et découvrir les jardins d’enfants, les églises, les dispensaires, les mouvements de jeunesse, les distributions de vivres, les clubs de mères, la catéchèse, etc..
Nul n’en revient indemne, marqué pour l’immense générosité, inventivité, détermination du Padre .

En moins d’un an à Sclayn, Padre Tiago a suscité la foi et l’engagement chrétien de nombreuses personnes. Chacun, croyant ou non, pratiquant ou non, s’accorde à reconnaître l’immensité et l’authenticité de son message d’Evangile: « Aimez vous les uns les autres comme je vous aime »
Heureux et heureuses sommes nous d’avoir vécu cette immense chance de croiser son chemin. Plus de 50 ans après son départ, les paroissiens encore en vie le remercient de tout cela.

Le père Tiago est décédé le 9 octobre 2021 à  l’âge de 90 ans
Qu’il vive en paix dans le sérénité éternelle.

Un hommage lui a été rendu ce samedi 16/10/21 à Igapo (Brésil) et le  dimanche 31/10/21 à Sclayn (Belgique). (Photos ici ) ( Video ici ).

Ecouter ici le discours prononcé par le Docteur Christian Cabut à l’occasion de son décès .

Moderne, l’abbé Theisen avait sa page Facebook, et son compte instagram  et était présent sur youtube .

Ce texte a été rédigé par Jean-Pol Dock .

 

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