La SAINT THOMAS, folklore sclaynois .

La Saint Thomas – Folklore Sclaynois.

 Saint Thomas d’Aquin , comme chacun le sait est le patron des philosophes, des professeurs, des instituteurs.

Aussi le 7 mars, jour du dit Saint Thomas, était-il jour de fête chez les écoliers de Sclayn, qui voyaient l’occasion de fêter leur maître et cela, dans un but de reconnaissance et  peut être aussi pour se faire bien voir…. On s’y préparait quinze jours avant la fête attendue avec impatience.

Les Grands, pendant les recréations se réunissaient dans un coin de la cour et tenaient de longs conciliabules dont les petits  étaient soigneusement exclus: On choisissait d’abord des collecteurs; car il fallait  faire un cadeau à l’ instituteur, et, comme les bourses n’étaient pas fournies, le village tout entier collaborait à ce cadeau. Ensuite on choisissait celui qui devait faire le discours de circonstance. Ce discours était composé par une personne instruite de la localité, et remis au lecteur quelques jours avant la circonstance, pour qu’il puisse l’apprendre par coeur. Ensuite on chargeait deux élèves d’interroger adroitement le maître ou un des siens afin de  connaître ses goûts et ses désirs concernant le cadeau.

Et si la collecte n’était pas en rapport avec les prétentions de l’intéressé,  on prenait sur soi le choix du cadeau, qui consistait souvent en une pipe, un fauteuil ou une paire de vases, ou parfois deux objets si les Sclaynois avaient été généreux.

Deux jours avant la fête, tous les élèves étaient avertis de ce qui allait se passer afin de prévenir les parents des élèves pour que ceux-ci puissent s’habiller comme les dimanches et apporter de vieilles gazettes pour fabriquer des coqs qui étaient confectionnes sous l’oeil fraternel et souriant du futur héros, pendant les recréations et déposes dans le seau à charbon et la caisse aux bois, au préalable, débarrassés de leur contenu.

 

Voila les préparatifs terminés, et le jour de la fête est enfin arrivé. C’est le 7 mars après-midi et on voit défiler par les rues et les ruelles du village tous les gamins endimanchés et portant au lieu de leur touche et de leur ardoise, qui le fauteuil, ou les vases, un bouquet plus ou moins maigre: plutôt maigre car on est en hiver; qui, un grand coq en papier gris et enfin un homme en paille- emmanché sur un bois de brosse.

Une heure sonne, et  tout le monde est a sa place silencieux Plus que d’habitude, comme dans l’attente d’un grave évènement. Le maître, l’air indifférent, monte en chaire, dit la prière et va commencer sa leçon( comme s’il n’était pas au courant de ce qui va se passer). En ce moment le premier de la classe se détache de son banc, et poliment, mais combien ému, demande au maître de rentrer chez lui, et d’attendre que l’on vienne l’y chercher .

Celui-ci obéit débonnairement. Aussitôt après son départ on déplace les bancs, de manière a laisser un grand espace vide: là,  on range tous les petits coqs a la queue leu leu: le grand au milieu, l’homme de paille et les cadeaux étaient mis a part. Cela fait, une délegation  d’élèves va chercher l’instituteur en compagnie de toute sa famille.
Des bravos éclatent et des « Vive l’Instituteur «  retentissent dans
la salle. Mais voici que s’avancent le complimenteur et son souffleur.

Un silence religieux succède aussitôt au tapage de tantôt.
Le discours se dit tant bien que mal car l’émotion a fait perdre la mémoire, et c’est le souffleur qui bien souvent a toute la besogne. La remise des cadeaux avait lieu ensuite.

L’instituteur remerciait les élèves et  remerciait la commune, qui avait bien voulu s’associer a cette belle fête; puis il  faisait une distribution de pommes, remettait une orange à chacun, et naturellement  donnait congé aux élèves.

La coutume, transmise de génération en génération, voulait qu’après  le départ du maître et après avoir mangé pommes et oranges, le premier de la classe mettait le feu au grand coq qui le communiquait aux petits et une fois ceux-ci brûlés, de leurs cendres on se noircissait la figure et les mains « .

 » Ensuite les élèves ainsi barbouillés mettaient le feu à l’homme de paille et faisaient le tour du village en criant :   » Vive noss maisse « 

D’après * CH. TOMBELLE, La Saint Thomas-Folklore Sclaynois, Le Guetteur
Wallon, N°3 du 25 avril I925,pp•51-52.

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